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Les gens du passage

Textes rassemblés par Christine Pagnoulle
145 p.
1992
ISBN 2-87233-006-2
€ 12.50

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Les rencontres sur les perspectives de la traduction qui se sont tenues à Liège en mars 1991 sont rapidement devenues un événement international qui s’est vu consacré projet lauréat du concours “L’Europe: Scène culturelle” organisé par la Commission des Communautés européennes.
Ce volume regroupe toutes les communications de ces rencontres. Il s’adresse à la fois aux traducteurs avertis et au grand public. Il met côte à côte de jeunes traducteurs, des traducteurs professionnels et des traductologues chevronnés.

Contents

  • Introduction: Les gens du passage
  • Traducteurs et institutions
    • Eduard BRACKENIERS: L’Europe et le multilinguisme
    • José LAMBERT: Traduction et institutions
  • Traducteurs et marché
    • Marie-Hélène DOR: Les débuts du traducteur indépendant
    • Michel COUMANNE: Quelques remarques sur la rentabilité du métier de traducteur
    • Patrick THONART: La qualité totale et la traduction
    • Le traducteur et l’éditeur
    • Thierry FONTENELLE: Le traducteur et ses rapports avec l’éditeur
    • Thierry DETIENNE: La traduction littéraire: quelle rentabilité?
    • Arnaud DE LA CROIX: Réflexions d’un directeur de collection
  • Traducteurs et outils informatiques
    • Archibal MICHIELS: Traduction et linguistique computationnelle
    • Jean-Pierre CALLUT: Le modem au service du traducteur
    • Alain REICHLING: EURODICAUTOM: La terminologie plurilingue informatisée au service des traducteurs européens
    • Jean-Bernard QUICHERON: De la réalité au rêve: Quelques réflexions sur les outils actuels et futurs des traducteurs
  • Traducteurs et textes
    • Françoise WUILMART: Les caprices du bois: Parabole du traducteur littéraire
    • Jacques COLSON en conversation: Les habits de la philosophie
    • Juliette DOR: Douleurs et joies du traducteur de textes médiévaux (avec la collaboration de Guido LATRÉ)
    • Ilma RAKUSA: La prose poétique de Marguerite Duras
    • Willy Richard BERGER: Baudelaire en vers allemands
    • Paul BENSIMON: Traduction des figures de style dans un poème de Seamus Heaney
    • Rose-Marie FRANÇOIS: Écriture et traduction: L’autre langue
  • Traducteurs et monde contemporain
    • Peter NEWMARK: Les responsabilités du traducteur aujourd’hui
    • Jean-René LADMIRAL: La traduction, philosophie d’une pratique
  • Notes bibliographiques et biographiques

 

Reviews

Jacques Colson, Meta XXXVIII, 4 (1993), pp. 726-272.

Des textes qu'elle a rassemblés sous ce titre, Christine Pagnoulle écrit: "Il y est question d'hommes et de leurs pratiques plutôt que de théories et d'outils."
      Ces hommes et ces outils étant indissociables des institutions qui leur servent de cadre, il semblait tout indiqué, pour aborder le premier des cinq thèmes du colloque, de proposer une réflexion sur le multilinguisme dans la Communauté européenne, sur les institutions et sur le rôle qu'y joue la traduction.
      Mais en dehors de ce cadre institutionnel, la traduction constitue un marché avec ses lois propres, deuxième thème, abordé du point de vue du traducteur indépendant, généraliste ou spécialiste (préoccupé de rentabilité et de qualité), autant que du traducteur littéraire (aux préoccupations fort semblables).
      Que le traducteur soit rattaché à une institution ou qu'il offre ses services aux clients de son choix, il est soumis aux mêmes impératifs de productivité. Les outils informatiques constituent donc naturellement le troisième volet du colloque, qui nous offre un bilan des possibilités et des limites des bases de données, des systèmes de traduction automatisée et autres modems.
      Comme s'il était nécessaire de tempérer l'enthousiasme des "technologistes", le quatrième thème défini par C. Pagnoulle, "Traducteurs et textes", rassemble des praticiens dont l'expérience porte sur des domaines qui, jusqu'ici, résistent à l'automatisation : prose littéraire, poésie, philosophie.
      Au terme de ce parcours, pour offrir du recul et une vue d'ensemble, une réflexion sur les responsabilités du traducteur et sur l'activité traduisante situe, l'un par rapport à l'autre, le traducteur et le monde contemporain.
      Tout en négligeant délibérément théorisation pointue et spécialisation exclusive, C. Pagnoulle a ouvert au débat un champ très vaste où se sont côtoyés littéraires et non- littéraires, traducteurs professionnels et enseignants, individus et institutions, sourcistes et ciblistes et, bien entendu, traducteurs et traductrices de toutes générations et de tous pays. A-t-on pu réunir ailleurs le directeur du service de traduction de la Commission des Communautés européennes, de jeunes traducteurs créateurs de leur entreprise, une traductrice allemande de Marguerite Duras et un universitaire parisien réfléchissant sur la dimension théologique de l'opération traduisante ?
      Le remarquable dosage des intervenants, la variété des opinions défendues, l'intérêt des débats, lieux de convergences autant que de divergences: autant de raisons de lire Les gens du passage et de souhaiter que se tiennent d'autres colloques de ce niveau.

 

Michel Barrard (Artois), Target 7.2 (1995), pp. 391-393.

Ce volume rassemble les actes du colloque "La traduction: perspectives" organisé par Christine Pagnoulle dans le cadre de la maîtrise en traduction de l'Université de Liège en mars 1991. Les communications sont regroupées par thème.
      L'ouverture se fait autour du thème des "Institutions". En liaison avec le principe du multilinguisme qui "garantit le respect de la diversité culturelle et du pluralisme linguistique" (p. 20), Edouard Brackeniers, directeur du service de traduction de la Commission des Communautés Européennes, dresse un impressionnant tableau de la place de la traduction dans le cadre de la Communauté. Pour José Lambert, les Institutions des nations, jusque-là responsables de l'usage de la traduction, en ont freiné l'étude en entretenant le mythe du monolinguisme. La création de la communauté et la prise de conscience du caractère fondamental du multilinguisme devraient stimuler la recherche en traduction à condition que celle-ci prenne appui sur l'étude historique et qu'elle fasse en sorte que ses structures débordent le strict cadre national.
      La seconde partie est sainement réaliste et concrète: "Traducteurs et marchés". Dans la première section; "Le traducteur indépendant", Marie-Hélène Lemaire-Dor, à partir de sa propre expérience, transmet quelques conseils pour gérer les débuts dans la carrière: investissement personnel, investissement en matériel, etc.; Michel Coumanne envisage les manières de rentabiliser le métier: savoir gérer son temps, se spécialiser. Patrick Thonart, à partir d'une expérience de gestion de bureau de traduction, pose les jalons d'une déontologie de la profession: éducation du client, dignité et professionnalisme du traducteur. Dans la seconde section, "Le traducteur et l'éditeur", Thierry Fontenelle évoque le problème du "coefficient de foisonnement" en traduction et les demandes de coupure ou de contraction qu'il peut provoquer chez l'éditeur; Thierry Detienne évoque le 'sordide' problème de la (non)rentabilité de la traduction littéraire avec, en contrepoint, le plaisir du contact avec l'écriture; note d'espoir enfin dans un tableau, il faut le dire, assez sombre, les "Réflexions d'un directeur de collection" éclairé, Arnaud de la Croix, qui prône des traductions "authentiques" où apparaisse "la marque du texte de départ" (p. 52).
      Dans la troisième partie, "Traducteurs et outils informatiques", Archibald Michiels envisage, de façon assez peu convaincante, les relations entre "traduction et linguistique computationnelle"; Jean-Pierre Callut expose les avantages de l'utilisation du modem; Alain Reichling souligne la simplicité de consultation d'une base de dol1nées comme EURODICAUTOM et par voie de conséquence sa large utilisation par les professionnels, il évoque aussi l'évolution du système; de façon plus synthétique, Jean-Bernard Quicheron reprend l'examen des "Outils actuels et futurs des traducteurs".
      Dans la quatrième partie, "Traducteurs et textes", Françoise Wuilmart évoque sous forme de parabole la condition du traducteur littéraire, l'éternel problème de la reproduction et de la recréation; avec Jacques Colson est abordé le problème de la traduction des textes philosophiques en liaison avec le style que semble générer chaque 1angue-culture (style anglo-saxon plus simple, style français plus sophistiqué); Juliette Dor, en collaboration avec Guido Latré, traite de la traduction des textes médiévaux et en particulier de l'état de langue à adopter pour en rendre le caractère 'ancien'; Ilma Rakusa évoque (très) brièvement la traduction de la "Prose poétique de Marguerite Duras", la préservation de la musique et du rythme "tout en gardant un maximum de sens" (p. 93); très différentes sont les considérations de Willy R. Berger sur sa traduction de Baudelaire en allemand: rigoureusement menée et étayée par une indéniable culture théorique, cette étude est un témoignage précieux sur le travail du traducteur dans ce qu'il a de connaissable, et constitue un véritable apport à la traductologie; tout aussi fascinante et éclairante, la communication de Paul Bensimon sur la "Traduction des figures de style dans un poème de Seamus Heaney", où il défend, la pitime à la main (c'est le cas de le dire, puisqu'il traduit en même temps qu'il démonte les mécanismes et pratique la critique de traduction), le principe d'une préservation littéraliste des images dans leur étrangeté et leur efficacité; Rose-Marie François, enfin, nous renvoie sans ampleur au thème classique de la poésie, langue secrète.
      L'ensemble se termine sur "Traducteurs et monde contemporain" où Jean-René Ladmiral présente un digest de ses vues sur la traduction, et invite le traducteur à 'philosopher', et où Peter Newmark (traduit de manière fort lisible par Christine Pagnoulle) estime que la "première responsabilité du traducteur aujourd'hui est d'oeuvrer, dans la clarté de l'écriture, pour la reconnaissance de ces valeurs universelles que sont la vérité factuelle et le sens d'un comportement éthique" (p. 119).
      Voilà un ouvrage très divers qui rassemble, sous un volume compact, des témoignages intéressants sur les réalités les plus concrètes du métier de traducteur, des points de vue plus généraux et théoriques, des études précises et de qualité (en particulier celles de Berger et de Bensimon). Ce recueil ne manquera pas d'intéresser traducteurs et traductologues par le spectre large qu'il balaye, il conviendrait de le recommander vivement aux candidats à une maîtrise de traduction en raison précisément des 'perspectives qu'il donne sur le métier et la recherche qui s'y rattache. De ce point de vue, la bibliographie générale donnée en fin de volume aurait pu être plus large; elle ne donne d'ailleurs pas toutes les références citées dans les articles (cf. p. 97), et les pages des articles ne sont pas indiquées (cf. "Berman", p. 137). Quoi qu'il en soit, Christine Pagnoulle a accompli avec ce recueil, très abordable à tous points de vue, une oeuvre fort utile.

 

Language International 6.2 (1994), pp. 39-40.

These conference proceedings include some illuminating papers covering a variety of subjects. They are notable, for example, for one of the rare occasions when Eduard Brackeniers, head of the Service de traduction at the Commission of the European Community, and therefore one of the most powerful men in languages in the world, reflects on multilinguism in Europe. We learn that in the spring of 1991, when the paper was delivered, the various institutions of the Community employed 2,100 translators and 650 interpreters, and that the number of texts given to outside translators must not exceed 20% of the total. But otherwise the paper is disappointingly short and vague. There are papers on actual experience of the profession of translator, with one by Patrick Thonart calling for an end to the anarchism of the present translation market. There are papers on technical aids for translation, and another set on aspects of literary translation. Finally, there are two major con- tributions. One, by Professor Peter Newmark (translated into French) considers the responsibilities of the translator. The other, by Jean-René Ladmiral, La traduction: philosophie d'une pratique, sketches in a theoretical context for translation based on actual practice.

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