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A Wyf Ther Was

Edited by Juliette Dor

300 p.
1992
ISBN 2-87233-004-6
€ 35

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If the lion of the fable had been the painter, wonders the Wife of Bath, how would he have presented the same reality? To what extent was medieval literature misogynist or gender-specific? How biased must have been its readings? The twenty-six papers in this volume provide challenging answers to these controversial issues by confronting a wide range of opinions from scholars of both sexes.

Contents

  • Foreword
  • Marie-Françoise ALAMICHEL: The Function and Activities of Women in Layamon’s Brut
  • Valerie ALLEN: Blaunche on Top and Alisoun on Bottom
  • Derek BREWER: Chaucer’s Venuses
  • Gerrit H. V. BUNT: A Wife There Was for Alexander the Great
  • Leo CARRUTHERS: “No womman of no clerk is preysed”: Attitudes to Women in Medieval English Religious Literature
  • Gloria CIGMAN: “Where Was Sarah?”
  • André CRÉPIN: Human and Divine Love in Chaucer and Gower
  • Anthony DAVIES: The Sexual Conversion of the Anglo-Saxons
  • Sheila DELANY: Difference and the Difference It Makes: Sex and Gender in Chaucer’s Poetry
  • Carolyn DINSHAW: Quarrels, Rivals and Rape: Gower and Chaucer
  • Terry DOLAN: Langland’s Women
  • Juliette DOR: From the Crusading Virago to the Polysemous Virgin: Chaucer’s Constance
  • Ruth EVANS: Feminist Re-Enactments: Gender and the Towneley Vxor Noe
  • Dolores Warwick FRESE: The Names of Women in the Canterbury Tales: Chaucer’s Hidden Art of Involucral Nomenclature
  • Maria K. GREENWOOD: Women in Love, or Three Courtly Heroines in Chaucer and Malory: Elaine, Criseyde and Guinevere
  • Renate HAAS: Lionesses Painting Lionesses? Chaucer’s Women as Seen by Early Women Scholars and Academic Critics
  • Ann HASKELL: Chaucerian Women, Ideal Gardens, and the Wild Woods
  • Brenda M. HOSINGTON: Mélusines de France et d’outre-manche: Portraits of Women in Jean d’Arras, Coudrette and their Middle English Translators
  • Erik KOOPER: The Extremities of the Faith: Section VIII of the Canterbury Tales
  • Guido LATRÉ: Beguinages and Female Forms of Spiritual Life in the Low Countries. An Introductory Lecture to a Visit of the Leuven Beguinage
  • Priscilla MARTIN: Chaucer and Feminism: A Magpie View
  • Thèrèse SAINT PAUL: A Forgotten Heroine in ME Literature
  • Robin SMITH: Glimpses of Some Anglo-Saxon Women
  • Anna TORTI: Hoccleve’s Attitude towards Women “I shoop me do my peyne and diligence/To wynne hir loue by obedience.”
  • James I. WIMSATT: The Wife of Bath, the Franklin, and the Rhetoric of St. Jerome
  • Chauncey WOOD: Three Chaucerian Widows: Tales of Innocence and Experience

 

Reviews

Françoise Le Saux, Le Moyen Age (1995), pp. 367-369.

Ce volume en hommage à Paule Mertens-Fonck - professeur à l'Université de Liège, qui prit sa retraite en 1990 - comprend 26 articles traitant de la place de la femme dans la littérature et la société médiévales, ainsi que dans le monde académique contemporain. L'ouvrage présente ainsi un florilège des différentes approches à la question féminine, témoignant de la richesse méthodologique d'un domaine fort complexe.
      Les sujets abordés touchent un large éventail de textes, dont certains peu connus. On notera ainsi la recherche de Thérèse St-Paul autour de Tegeu, un personnage féminin cité dans le Annot and Johon moyen-anglais pour sa grande fidélité, et qui fut peut-être l'héroïne d'un roman maintenant perdu; ou encore l'analyse (par Gerrit H.V. Bunt) du traitement de l'épouse d'Alexandre le Grand dans The Buik of King Alexander the Conquerour, ou (par Brenda M. Hosington) de Mélusine dans la Romance of Partenay. Le canon littéraire est bien représenté, avec Hoccleve (dont Anna Torti analyse l'attitude envers les femmes), Langland (dont Terry Dolan démontre les stéréotypes féminins) et Layamon (par Marie-Françoise Alamichel). Il est toutefois à regretter, dans ce dernier cas, que l'ampleur du thème choisi (l'étude des personnages féminins dans l'intégralité de l'oeuvre) n'en masque quelque peu la complexité. Le théâtre est également à l'honneur avec deux contributions particulièrement stimulantes: Gloria Cigman analyse le rôle de Sarah dans les pièces médiévales anglaises qui dépeignent le sacrifice d'Abraham, et les met en parallèle avec les sources dramatiques françaises; tandis que Ruth Evans prend pour sujet les stratégies d'oppression - mais aussi de libération - dans l'Uxor Noe du cycle de Towneley.
      L'approche historique est représentée par quatre articles. Anthony Davies explore ainsi l'impact du christianisme sur l'attitude des Anglo-saxons à l'égard de la sexualité, tandis que Robin Smith brosse les portraits de trois femmes d'avant la Conquête Normande, l'abbesse Hild, la poétesse Hygeburg et la puissante reine Aethelflaed. Guido Latré fait une magistrale présentation du phénomène des béguines et des béguinages aux Pays-Bas; enfin Renate Haas donne un historique de la condition de la femme dans le monde académique et de la réception de Chaucer par les érudits.
      Les travaux récents de P. Mertens-Fonck traitant principalement de Chaucer, il était prévisible que la majorité des études constituant le volume (14 sur 26) aient pour sujet le corpus chaucérien. Valerie Allen explore la revitalisation par Chaucer des conventions rhétoriques de la descriptio, avec une analyse de deux personnages apparemment opposés, la charnelle Alisoun (Conte du Meunier) et l'éthérée Blanche (Livre de la Duchesse); Derek Brewer s'attache à identifier les connotations liées à Vénus (ou, ainsi que l'indique le titre de l'article, aux Vénus, au pluriel: déesse mythologique, planète, abstraction personnifiée) dans l'oeuvre de Chaucer; Juliette Dor procède à une lecture du personnage de Constance (du Conte de l'Homme de Loi) à la lumière des travaux de Bakhtin, et trouve en elle une héroïne hagiographique typique qui pourtant transcende les conventions monologiques du genre; enfin, Dolores Warwick Frese (The Names of Women in the Canterbury Tales: Chaucer's Hidden Art of Involucral Nomenclature) révèle chez Chaucer une caractérisation indirecte des personnages féminins par le biais de leurs noms, qui peuvent parfois être lus comme autant d'énigmes proposés au lecteur.
      La thématique de l' innocence ou de l'inexpérience féminine est au coeur de l'argumentatIon de Maria K. Greenwood (qui compare la Criseyde de Chaucer à l'Elaine et la Guinevere de Malory, comme autant d'études de l'héroïne courtoise à différents stades de sa vie de femme), d'Anne Haskell (qui met le thème en relation avec celui du jardin chaucérien) et de Chauncey Wood (dans une analyse de la Femme de Bath, la Prieure et la Seconde Nonne, trois personnages qualifiés, quelque peu abusivement, de "veuves").
      La dimension religieuse de l'oeuvre de Chaucer est également l'objet d'une attentIon particulière. Andre Crepin compare les concepts d'amour humain et amour divin chez Gower et dans le Troilus et Criseyde, tandis qu'Erik Kooper contraste les deux contes de la Section VIII des Contes de Canterbury (Conte de la Seconde Nonne et Conte du Serviteur du Chanoine), qu'il lit comme une illustration consciente de deux opposés spirituels. Prenant comme point de départ Alison, la Femme de Bath, Leo Carruthers met en parallèle les vues dont elle se fait l'écho avec l'image offerte, entre autres, par les Instructions aux Prêtres de Paroisse de John Mirk ou le recueil de sermons Le Puits de Jacob (Jacob's Well); une approche historicisante d'un intérêt tout particulier, et qui corrige de manière bienvenue l'idée reçue d'une Eglise médiévale uniformément misogyne. James I. Wimsatt explore également le lien entre misogynie et religion avec une remarquable contribution sur la rhétorique de saint Jérôme contre le mariage, celle de la Femme de Bath en sa faveur, et la critique implicite des deux positions contenue dans le Conte du Franklin.
      Enfin, le recueil inclut des réflexions d'ordre plus théorique sur les concepts de sexe et de genre dans le corpus chaucérien. Sheila Delany analyse ainsi avec finesse l'ambivalence du poète face à la question d'une hypothétique "nature" masculine ou féminine, tandis que Carolyn Dinshaw, plus ouvertement féministe, démontre la corrélation entre viol, rivalité et querelle dans les relations littéraires entre Gower et Chaucer. Dinshaw interprète cette thématique comme une agression contre le féminin, et une stratégie d'exclusion visant à protéger la suprématie masculine. Les implications théoriques des approches féministes à l'oeuvre de Chaucer sont approfondies par Priscilla Martin, dans une discussion des choix auxquels elle a dû faire face lors de la rédaction de son récent ouvrage, Chaucer's Women : Nuns, Wives and Amazons - article à l'image du volume lui-même, défendant le principe d'un certain éclectisme dans l'approche des textes.
      On le voit, l'ouvrage ne manque pas d'unité, et illustre fort bien ce qu'il est convenu d'appeler les "études féminines". A ce titre, il a sa place dans la bibliothèque de tout angliciste, médiéviste ou non.

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